mercredi 13 septembre 2017

I'll be back...

En juin 2016 quand j'ai écrit mon dernier post j'aurais pu me retourner et d'un regard Raybanisé vous dire  "I'll be back" dans un accent germano-hollywoodien qui n'aurait pas apporté beaucoup de crédibilité à mes propos.
Je ne l'ai pas fait.
Comme ce héros de science fiction j'ai traversé le temps (une année terrestre précisément) pour rendre vie à mon blog.

Lui et moi venons d'univers extraordinaires où l'irréel trompe le quotidien pour l'embellir un peu.
Le parfum: cette entité qu'on ne voit pas mais qu'on remarque...
Ce spectre qui fait tant parler.

Je reviendrai donc faire ma rentrée dans quelques jours pour vous parler de petites choses exquises et des high lights du moment.

Stay tuned... et bonne rentrée à tous!

jeudi 26 novembre 2015

L'arôme Truffe


En gastronomie l'or noir c'est la truffe (qui peut être blanche aussi). Elle est un met raffiné nec plus ultra et elle se paye à prix d'or. On la retrouve avec panache dans des plats d'exception pour les grandes occasions. Tous les grands chefs ont magnifié cette tubercule en la présentant comme une diva exquise dans leur création. 
Truffe + caviar + champagne, what else?
Mais sa meilleure parure reste encore l'écrasé de pomme de terre.
Fausse rustique la truffe?

Si vous n'avez pas les moyens de consommer de la vraie truffe à tous les repas la science a pensé à vous avec l'arôme truffe (environ 20€ les 100ml).
Élaboré en laboratoire, à partir d'éléments naturellement présents dans la truffe, l'arôme est commercialisé sous plusieurs formes: huiles, vinaigres, tapenades, sels... il est là pour "singer" le parfum du végétal.
Le principe de l'arôme alimentaire est de donner l'impression de consommer "du vrai" quand le produit en question n'en contient pas.
Une illusion gustative en quelque sorte.

Pas facile de "contretyper" mère Nature.

Un arôme fraise sans un gramme de fruit ça existe (tout comme l'Eau Parfumée au Thé Vert de Bvlgari sans une seule feuille de thé dedans - dixit JCE en personne, le créateur du parfum).
De plus, le goût du Red Bull ne vient pas d'une corbeille de fruits martiens mais d'un accord banane-fraise-vernis à ongles.
Un arôme chocolat est très puissant et est moins coûteux à inclure dans une crème dessert industrielle qu'une vraie cosse de cacao qu'on aurait pris le temps de torréfier, de raffiner puis de cuisiner.. Le coût de production s'en ressent. Le goût aussi.
Nous mangeons, buvons et nous parfumons avec des illusions.

Comme tous les mammifères, je sens ce que je mange. Si ça sent bon je mange et si ça sent pas bon je ne mange pas. Cqfd.

Ma première rencontre avec l'arôme truffe a été désastreuse.
J'ai cru qu'une conduite de gaz avait peté et quelle était en train de nous intoxiquer lentement. Hyperosmie en action, alerté par cette onde malveillante, mes bulbes olfactifs ont détecté la nuisance. J'hésite encore à la décrire comme l'odeur de flatulence d'un vieux tuyau métallique rouillé qui aurait expulsé son dernier relent gazeux par le caoutchouc d'une vielle chambre à air.
J'avais cette impression que mes organes vitaux (notamment le foie) était visés et que j'allais bientôt sombrer.
Sauve qui peut!
Cet arôme était 100 fois plus puissant qu'un ail fraîchement pressé.
Seule issue: ouvrir grand les fenêtres et se barrer très loin!

Aussi, après réflexion, je doute que la truffe naturelle sente aussi mauvais. De mémoire, elle sent l'humus, le liège du bouchon, avec un petit effet cosse de noix fraîche tout à fait appréciable.
Autant jouer les puristes: je préfère savourer la truffe naturelle que de me polluer l'organisme avec cet ersatz douteux. Mais je peux très bien vivre sans, aussi.


Et vous, fan de la truffe?

jeudi 15 octobre 2015

Place Vendôme Haute Parfumerie


J’ai toujours abordé sur ces pages le thème des parfums (de toutes sortes et principalement ceux que j’aime), le thème des matières premières et aussi quelques sujets qui me trottaient dans la tête (le rhume pour un parfumeur, le parfum envahissant de ma voisine depizzeria, le musc et les valseuses, etc.)

J’ai traité en autobiographie le sujet de l’accueil en parfumerie (cet effroyable salon de beauté hambourgeois tenue par des rombières asséchées). Mais cette fois je vais vous parler d’une autre boutique, à l’extrême opposé de la précédente. Une parfumerie « out of this world », un écrin luxueux qui tire la haute parfumerie vers le haut et qui redonne à l’univers du parfum sa magie originelle. Cette parfumerie s’appelle Place Vendôme Haute Parfumerie et se situe à Wevelgem en Belgique.

On sait tous que les parfums ne se vendent pas tout seul et que même la plus extravagante des communications ne parvient pas à faire d’un mauvais sirop un succès planétaire. Le Parfum a besoin d’un lieu adéquat et d’un support pour pouvoir s’exprimer en dehors de son flacon. Et ce support c’est la force de vente des vendeurs. Qui n’a jamais été emballé par l’histoire que nous racontent ces ambassadeurs quand ils croient en leur produit ? Qui n’a jamais rêvé aux fables sur les ingrédients exotiques, les coulisses et les anecdotes sur la création du précieux nectar ? Le parfum c’est un tout mais aussi un produit à haute valeur subjective ajoutée. Quand un passionné vous parle de l’objet de son affection il vous embarque immédiatement dans son monde.

C’est un peu cette histoire-là que je vais vous raconter.

Pour ma première visite en Belgique j’ai commencé par le plus extraordinaire des voyages. Me voilà fraîchement débarqué en terre inconnue que l’on m’emmène déjà découvrir expressément un autre monde.

J’avais entendu parler de Place Vendôme, cette petite boutique atypique qui vend des trésors de haute parfumerie au milieu de la pampa (des pièces de collection en cristal, des éditions prestiges et limitées, etc.) Je m’explique : Place Vendôme est située à Wevelgem autant dire, presque au milieu de nulle part (sans offenser les habitants du patelin en question). Place Vendôme n’est pas une enseigne des Champs-Elysées mais son aura brille d’autant de mille feux.
J’entre donc dans ce lieu inattendu. Les devantures m’annoncent déjà que je vais décoller et embarquer pour le nirvana. Chanel et Guerlain en sont les guest stars (en toute fausse objectivité je peux vous dire que je plane déjà…). Je suis Alice et je viens de traverser le miroir. Me voilà en apesanteur dans un autre monde, je flotte dans un Taj Mahal scintillant. 
Notre hôte, David Depuydt et son équipe nous accueille chaleureusement et nous invite à découvrir son écrin.
David est le propriétaire des lieux. Il est un être atypique, un personnage charismatique qui bouscule les codes. Il est le gardien d’un temple où tout est luxe, splendeur et convoitise.

J’étais Alice, je deviens Charlie (dans la chocolaterie). J’ai envie de tout voir, de tout toucher, de tout sentir. David est en quelque sorte le Willy Wonka des lieux, le magicien bien veillant qui vous transmet son rêve et partage généreusement avec nous toutes ses beautés olfactives et visuelles.

J’ai une ébauche de théorie sur le personnage : je pense que David est un extra-terrestre* et qu’il vient d’une planète nommée LUXE. Luxe est une sphère lumineuse qui met en lumière le travail artisanal d’un groupe de créatifs (les parfumeurs, les artisans flaconniers, les concepteurs d’emballages, et les tous ces corps de métier qui gravitent autour de la beauté). Tout est question de savoir faire et de soucis du détail. Luxe n’est pas une planète bling bling où des logos ostentatoires en toc vous balancent leur vulgarité en pleine face. Luxe est une horloge de cristal saupoudrée d’or. C’est une constellation de petites choses bien choisies qui une fois combinées entre-elle vous donne l’impression que vous êtes un élément de cette mécanique.
Le luxe c’est une valeur et pas nécessairement un prix sur une étiquette.
David est *extra parce qu’il est un passionné éclairé de la belle parfumerie et amoureux des marques qu’il représente. Exigeant dans ses produits il fait preuve d’une connaissance infaillible sur l’histoire de ses parfums. Il croit dur comme fer en l’émotion et en la magie du Parfum.

Il a créé cet univers merveilleux et depuis 25 ans le succès ne se démenti pas.

David est *terrestre parce qu’il a le franc parler et les pieds sur terre ; il connait les enjeux et les stratégies des marques mais garde pourtant cette magie dans son discours. Il jongle habilement entre expertise du marché et la féérie des lieux.
Visiter la Parfumerie Place Vendôme est un moment rare et unique. On déambule entre les créations exclusives de Guerlain et les avant-premières de  Chanel. La gamme privée des Heures de Cartier côtoie les fontaines à parfums de Caron, les vintages ressuscités de Patou, quelques marques de niche pointues (Amouage, Parfum d’Empire, etc.) et des cosmétiques premiums.

Quand on repart de la boutique on affiche un sourire béat. Que l’on ait acheté un parfum ou pas on a ce sentiment d’avoir vécu un moment magique. Et rien que pour ça j’ai envie d’y retourner.

Si vous passez dans le coin, je vous invite donc à découvrir cette parfumerie et surtout à rencontrer cette joyeuse équipe de doux rêveurs.

Haute Parfumerie Place Vendôme
Menenstraat 2/A, 8560 Wevelgem en Belgique


vendredi 21 août 2015

Mitsouko Print



Manon s’est parfumée avec Mitsouko inlassablement pendant plus de cinquante ans. Offert en cadeau de mariage par son mari, elle ne l’a plus jamais quitté.
Sa bouteille de parfum était un repère, elle n'aurait pas vraiment su dire ce qu'il sentait, juste divinement bon.
Elle en avait toujours une quelque part, dans sa salle de bain, son sac à main, sur sa coiffeuse.
Elle a essayé plusieurs concentrations (eau de toilette, cologne, extrait) et en a gardé tous les flacons. 
Ceux d’extrait c’étaient pour les grandes occasions: les anniversaires de mariage. 
- Il sent bon, il me plaît et je ne saurais pas m’en passer. Mitsouko c’est un peu mon histoire dans un flacon. Il a toujours été là, il m'a accompagné dans la vie, confiait-elle.
Ses foulards, ses chemisiers, même sa penderie embaumaient. 

Par dizaines de flacons et des milliers de vaporisations Manon s’est imprégnée de ce parfum. Il palpitait en elle comme une intraveineuse profumum sous sa peau. 
Ses bras auraient parus étrangers sans ce parfum dans son cou.

Mitsouko c'était elle, l'ombre dans notre ombre, une empreinte invisible et si familière qui a collé à jamais des souvenirs à sa présence. 

Et puis un matin d’un jour comme aujourd'hui, Manon a laissé son corps dans cette chambre et s'en est allée partager l'ombre.

On se souviendra toujours d’elle, de ses grands yeux noirs, de sa fougue méditerranéenne et de son parfum si on le recroise avec émotion dans un courant d'air. 


A ma GRAND-mère.

vendredi 19 juin 2015

Portrait of a Lady et The Night - Frédéric Malle

J’ai été récemment en contact très rapproché avec Portrait of a Lady si bien que j’ai eu envie de reprendre un article que j’avais publié fin 2010 à son sujet et de le compléter un peu. Je l’avais aimé dès sa sortie et je constate que 5 ans après son lancement son succès ne fait qu’accroître auprès des amateurs de la belle parfumerie.
Je livre donc une déclaration d’amour à retardement à ce parfum qui ne cesse de me surprendre et de me troubler. Je le porte occasionnellement de peur de m'y habituer mais c'est à chaque fois un plaisir immense de le retrouver et de le sentir flirter avec mes mouvements.
Il est signé Dominique Ropion (compositeur de Very Irresistible, Alien, Armani Code Woman, Trésor in Love, Amarige et bien d'autres). Portrait of a Lady est un boisé floral à fort pouvoir de séduction. Il vient enrichir la très belle gamme des parfums imaginés par Frédéric Malle.

Très complexe et en même temps clair et aéré ce parfum s’ouvre sur une très belle essence de rose fraîche, quelques éclats vifs et métalliques de géranium et d’une pointe de framboise qui servira de liant jusqu’au cœur du parfum. On y perçoit également quelques effets épicés de cannelle et de poivre. 

Ce qui est étonnant avec ce parfum c'est le travail autour de l’essence de rose, on la survole, on l'effleure mais jamais elle ne se livre totalement. En aucun cas elle ne s’affiche rétro, cosmétique ou fleur bleue. Au contraire. Elle est fantasmée. Cette essence de rose, d’origine turque, est un prétexte à un parfum boisé oriental d'un nouveau genre ; un parfum texturé en 3 dimensions : florale, boisée et ambrée. Il se boise d'encens avant un saut magistral dans un cœur de patchouli hyper confortable (le Patchouli Heart est une nouvelle fraction épurant l’essence terreuse et rêche de la plante pour n’en retenir que la quintessence).  Ainsi, ce bouquet de feuilles épuré prend son élan sur un prisme de molécules immatérielles (comme le chaleureux cashmeran qui soulève le patchouli vers un final en muscs blancs puissants et autres molécules ambrées, très diffusive et rémanentes). L’aura que diffuse ce parfum est surréelle. Contrairement à son étiquette Portrait of a Lady n’a rien de franchement féminin, c’est tout là son paradoxe. Mais c’est ce qui fait son charme aussi.

D’un point de vue olfactif, Portrait of a Lady est une secousse magnétique, un véritable choc olfactif qui s’impose dans l’air et qui sait attirer les nez curieux et les compliments. D’un point de vue technique et dans l’utilisation de ces ingrédients Portrait of a Lady est un bijou high-Tech qui réinvente avec brio le sempiternel duo rose-patchouli pour en livrer là un parfum inédit et parfaitement bien équilibré. Apparemment le chaos des overdoses donne ici un résultat remarquable. Enfin, d’un point de vue subjectif, Portrait est un fauteur de troubles.

Imaginez une scène de western où le héros du film (en collier de perles et biscotos) entre dans un saloon bondé. L’ambiance est lourde et l’harmonica souffle sur l’air sec du désert. Tout le monde se fige, les regards se tournent vers les portes battantes et on dévisage l’inconnu(e) dont la silhouette se dessine à contre-jour. Son parfum a déjà envahi la pièce et pour une raison X la tension monte ; une baston va éclater. Accrochez-vous à vos pop-corn. Ca va swinguer.

Vous comprenez alors que je ne m’enivre de ce parfum que lorsque je m’ennuie un peu. Le vaporiser ouvre porte à l’aventure…(qui ne finit pas en castagne, je vous rassure).
 
Photo perso. A gauche The Night, à droite Portrait of a Lady

L’année dernière, le génial duo Frédéric Malle et Dominique Ropion composent un Oud « The Night »* plus vrai que nature. Hé oui, encore un Oud ! Mais pas un sirop « foutage de gueule » ; The Night is THE oud ! 
(On parle d’une formule dosée à 20% en véritable essence d’Oud). Une fois que vous aurez senti ce parfum vous ne verrez plus l’Oud comme avant et vous ne pourrez même plus envisager de porter autre chose. Tout semblera n'être qu'imposture. Si vous êtes du genre aventurier et si vous vivez des relations sado-maso avec les parfums (que vous aimez vous prendre des claques … olfactives, s’entend) attendez-vous à décoller. The Night vous fera voir 36 chandelles. Mais quelles chandelles ! Tout Versailles dans un sniff.
The Night est l’enfant orientalisant de Portrait of a Lady. Il délaisse ainsi ses perles pour basculer dans le côté obscur du fauvisme. Même si sa rose est hérissée, l’animal est dompté et son empreinte est indélébile. Puisque Portrait of a Lady et The Night ont ce lien de parenté évident (rose-patchouli-ambre) je peux vous conseiller de les superposer. Vous vivrez-là la plus insolite des expériences. Attention alors à votre sillage. Personne n’en sortira indemne. Pas même vous.

*(The Night est disponible à Paris dans les corners et les boutiques de la marque, demandez-le ; il n’est pas exposé avec les autres parfums).

mardi 30 septembre 2014

La Vie est Belle - Absolu de Parfum

Détail flacon Lancome
Il y a des tas de choses qui font marcher l’homme mais 3 sont récurrentes dans le monde du parfum : la couleur rose, l’artisanat de bouche (la bouffe) et le sexe. En période de pseudo crise bling bling, on existe dans les excès en tous genres et on trouve refuge dans la bouffe (notez le nombre croissant d’obèses et l’avalanche de notes gustatives déclinées en parfum). 
Sky is the limit! 
Mais, pas de provoc’ chez Lancôme, le discours est safe et hédoniste, il offre un monde idéalisé où le parfum porte un message d’optimisme ; le réconfort d’un doudou parfumé qui nous fait voir la vie en rose (praline).

La consommatrice (cœur de cible Madame Toulemonde, âgée de 18 à 45 ans) veut :
Du rêve, une belle égérie, un beau flacon, un parfum qui sente bon et qui tienne longtemps. En somme, rien de bien sorcier. Mais l’équation est périlleuse. Il faut donner à Mme Toulemonde ce qu’elle attend et plus encore ; il faut la comprendre, la séduire et la surprendre.
Ainsi, son vœu sera exaucé ! Le nouveau Lancôme est un blockbuster, comme le fut Trésor lors de son lancement.

Ma grand-mère (gourmande comme Dame Tartine) le disait : « la vie est plus douce si on la prend coté sucré ». Lancôme a donc mis ce principe en flacon*. Et le message est clair.
En riposte à la violence le monde veut du sweet. Ainsi soit la volonté du peuple.
La Vie est Belle Absolu est toujours construit sur un accord fruité-gourmand et sa friandise traverse la formule, comme un fil d’Ariane, fil qui n’est pas de fibre mais de praline. Dans sa nouvelle version on reprend le schéma du parfum originel (celui de 2012) et on modifie certaines notes du parfum en accentuant et/ou rééquilibrant les dosages. Le résultat est radicalement plus ambré-vanillé et moins sucré. Le départ en cassis-ananas booste l’iris de la version première. Il était timide dans l’EDP, transparent dans l’EDT, le voilà éclatant dans l’Absolu. Il se distingue plus clairement entre une fraction de patchouli et un cashmeran texturé. Une note marine (identique à celle de Coco Mademoiselle) apporte un nouveau souffle de transparence et en même temps contribue à booster la puissance du parfum. Entremêlées de bois souples et molécules ambroxées, apparaissent ensuite une note de lactone noix de coco et la fameuse praline. Elle se caramélise au contact d’une marqueterie de bois synthétiques et plonge allègrement dans ces muscs fruités qui expirent inlassablement les notes du parfum. On y retrouve une similitude avec le déjà regretté Shalimar Parfum initial dans l’accord irisé-gourmand-boisé. 

La Vie est Belle dans sa version Absolu est dosé à 33% (presque autant qu’un extrait Guerlain). Une goutte suffit sinon ce n’est plus une promesse de bonheur que vous chuchotera Lancôme mais un concert de klaxon. Au moins, on ne pourra se plaindre de son manque de volume et de sa tenue. Même une après-midi d’aqua gym n’en viendrait pas à bout.

Puisque l’heure n’est plus aux chypres charpentés, aux orientaux couillus, aux aldéhydés rétro subtils mais aux ouds imposteurs et aux tapenades tutti frutti il faut constater que certains parfums dit gourmands sont plus réussis que d’autres et que succès rime avec praliné (La Vie est Belle, Angel, Lolita, Chanel Chance et La Petite Robe Noire sont des références en la matière).

Niveau subjectivité, La Vie est Belle divise. Mais dans les faits, les chiffres des ventes parlent d’eux-mêmes : le grand public a toujours le dernier mot. Niveau technique et construction olfactive La Vie est Belle est un parfum bien ficelé, efficace et qui allie ingrédients de qualité et assemblage de haute voltige. 
La palette des parfumeurs d’IFF est belle.

La vie est /peut-être belle ; écrivez la vôtre. Avec ou sans parfum. 




*(non, ma grand-mère ne travaille pas pour le marketing chez Lancôme).

mercredi 28 mai 2014

Civette sait faire un bon café

Le tigre et le singe, ici on connaît pas.

Dans l'année calendaire de The Empty Bottle je décrète que 2014 est dorénavant sous le signe de la civette (elle s’invite déjà dans 2 de mes posts). Il se devait d’y en avoir un troisième, que voici.

Pour la parfumerie, la nature nous comble de ses innombrables ressources végétales. Prenez l’oranger (Citrus sinensis) par exemple; on utilise ses feuilles tendres (le petitgrain),  ses fleurs (en absolu, eaux de brout, eau de fleur d’oranger et en huile essentielle) et l’écorce de ses fruits.

Dans le monde animal, il est une bestiole pleine de qualités et de surprises cachées: madame civette.

Celle qui vit en Ethiopie fait le bonheur des parfumeurs, et sa cousine Indonésienne fait la joie des amateurs de cafés.
Quoi? A l’instar des parfums rares et exclusifs, il existe un café insolite et hors de prix. Son procédé de fabrication et son « cheminement » en font un produit naturel des plus extraordinaires. On l’appelle le Kopi Luwak (kopi pour café et Luwak pour civette).

Qui? Des civettes locales très gourmandes en baies de cafés bien mûres (les plus goûteuses) s’empiffrent la nuit venue de la future récolte des producteurs de café locaux, comme si c’était des M&M’s.
Ayant fait des ravages dans les cultures de caféiers les agriculteurs indonésiens prirent le problème à l’envers quand ils découvrirent que cette civette-là pouvait devenir une poule aux œufs d’or. Plutôt que de chasser l’intruse, ils lui offrirent sur un plateau ce qu’elles venaient leur dérober. Un pacte était donc né entre l’homme et la bête. Un pacte lucratif au profit de l’homme, s’en dit.

Comment? Le café Kopi luwak n’a rien à voir avec le foie gras. A l’inverse du gavage hard core des oies pour la préparation du foie gras, la civette est consentante. Elle survit à l’opération puisqu’elle ne sert que de « transit » entre la cerise de café fraîche et le rendu final. Les sucs gastriques de son appareil digestif rongent la pulpe et la chair du fruit mais n’attaquent pas le noyau. Ce dernier s’imprègne alors d’un arôme unique. Il est ensuite expulsé par voie naturelle.
Les grains ainsi récoltés sont triés à la main, nettoyés et ensuite torréfiés. Ils sont prêts à être emballer puis consommer par des esthètes fortunés amateurs de grands crus.

(Je n’explique pas comment une grappe de grains de café prédigérés par une civette s’est retrouvée dans la tasse de quelque qu’un qui a trouvé ça formidable. Mais bon.)

Si vous voulez déguster ce nectar il faudra débourser au moins 70 € pour 100grs. Accompagné d’un nuage de lait et d’un macaron je suis sûr que c’est une expérience gustative mémorable. What else ?

Un conseil; ne remplacez pas les croquettes de Tigrou par des grains d’arabica, il vous a vu venir, il n'est pas dupe.

jeudi 8 mai 2014

Ceci n'est pas un coup de gueule

Dans certaines parfumeries (ou autre boutiques de luxe) les employés vous font comprendre d'un simple regard que vous n’êtes qu’une pauvre petite poussière qui erre dans un monde merveilleux où Parfums, maquillages et cosmétiques hors de prix sont les maîtres des lieux. 
Vous entrez donc dans un monde doré qui n’est pas le vôtre. 
Comment osez-vous troubler la beauté des lieux avec vos sabots crottés et vos cheveux aux quatre vents ?
Impies, vous souillez le sacré ! 
Ici on vend du pur luxe et de la marque. Et ce luxe s'affiche et se paye.

Madame Schwartzkatzenberger et Monsieur Michou sont les sphinx des lieux*. Ils vous toisent avec un mépris mal dissimulé. C’est un air de circonstance, un air hautin naturel. Les sourires sont pincés et leurs regards sont suffisamment éloquents pour vous donner l’envie de rebrousser chemin et de ne jamais (oh non jamais!) penser à revenir.
Sur le coup je me demande si l’alcool des parfums évaporés dans l'air ambiant ne me fait pas halluciner. Suis-je tombé dans une branche extrémiste du Vatican, dois-je payer un droit d’entrée, faire un signe particulier, baiser le sol, revenir habillé en Prada?
Je fais un pas en avant et j’avale presque mon chewing gum (pas la noisette qu’ils réservent à leur clientèle ploutocrate).
Alors, je veux sentir le nouveau parfum d'Etro, puis le tout dernier Juliette Has a Gun, replonger dans Eau d’Hadrien et essayer le dernier Shalimar Ode à la Vanille du Mexique.
Ah, vous n’avez pas le testeur? Et c’est quoi ce flacon là sur l’étagère Guerlain? 
Soit elle me prend pour une bille soit elle ne connait pas la forme du flacon de Shalimar (!!).
J’opte pour ma première pensée.
J’en rajoute une couche en lui demandant les ingrédients de la composition. Elle réajuste ses binocles et tente de lire une étiquette au verso de l’emballage: alcool, fragrance, aqua, ethylhexyl methoxycinnamate, red4 (CI14700), yellow 5 (CI19140)… blablabla. 
C’est jouissif. Mais c’est pas moi qui ai commencé.
I’ll be back.
Force est d’admettre que cette parfumerie possède une très belle gamme de parfums mainstream et créations de niche. La tentation est toujours trop forte.
Alors, comme un mulet borné je renouvelle assez fréquemment cette même expérience en retournant dans la cage aux fauves (aventure momentanément douloureuse au seuil de la boutique mais ô combien jubilatoire).

Avec toujours cette même naïveté enfantine qui fait fi de ces gardiens asséchés je joue à leur propre jeu. Je les snobe avec panache et je trace vers le testeur qui m’intéresse. Parfois affolés par mon intrusion ils tentent une approche. C’est un effort surhumain que de daigner s’adresser à ma petite personne pour me proposer une aide. En fait, ce n’est pas moi qui les intéresse mais plutôt le vapo que je viens de saisir (voyant que je tiens dans mes mains de profane le saint Graal). Je prends alors ce même regard de dédain et je largue avec indifférence un "non, ça ne sera pas nécessaire"

Inutile de demander le moindre échantillon. Leur visage se crispe d'une profonde tristesse comme devant un frigo vide. Par le plus grand des hasards leurs tiroirs sont momentanément à sec (pour moi) alors que Madame Truc Muche de la Motte qui vient de se faire reluire le berlingot à la cire La Praire croule sous les fioles et autres petites attentions.

Après un petit tour dans l’arène, paumé dans mes mouillettes et le nez embué, je prends l’exit. J’évite soigneusement un "merci" et "au revoir chère madame, votre compagnie fut un moment exquis"
Un "ciao !" fera l’affaire.

Je comprends la pauvre Julia Roberts dans Pretty Woman lors de sa malheureuse séance de shopping sur Rodéo Drive. Heureusement tout fini bien pour la belle; il y a une justice qui s’appelle: "le fric c’est chic".

Ah le luxe...
C'est quoi le luxe?

On dit que l’argent n’a pas d’odeur mais c'est à cause de ce genre d’attitude qu’il aura trouvé la sienne.

*Une belle parfumerie à l’ancienne à Hambourg qui fait aussi institut de beauté.
(Les noms des vendeurs sont inventés).